Bonjour à tous.
Lorsque nous avons gravi le Pic de la Coume d’Or il y a quelques jours de ça, notre regard a été attiré par le Pic Carlit, le plus haut sommet des Pyrénées Orientales (2921 m).
Une ascension par la face ouest serait-elle envisageable ?
Après recherche de topos sur le net, étude du dénivelé, estimation du temps nécessaire et évaluation de la difficulté, il apparaît que la tâche est ardue. Ardue mais faisable.
La face est, qui part du lac des Bouillouses, est réputée moins difficile que la nôtre et du coup, ce sommet mythique est très couru.
Le départ de la randonnée a lieu à Porté-Puymorens, au bout de la route des lacs, sur le parking dit du « téléphérique ». Cette dénomination provient de la présence des bâtiments et des vestiges liés à la construction du barrage du Lanoux.
Première étape : retrouver le GR7 qui se situe 300 m plus haut. Pour cela, il faut remonter le ruisseau de l’étang de Font Vive puis, après un replat, suivre un sentier cairné qui file droit dans la pente jusqu’à rattraper le GR7.
Il nous aura déjà fallu 50 minutes pour arriver là.
Le GR7 file en balcon sur la rive droite de la vallée du Carol, d’abord vers le nord-ouest puis franchement au nord.
Dessous l’étang de Font Vive.
Lorsque la vallée s’oriente au nord, le barrage du Lanoux apparaît tout au fond.
Nous sommes maintenant sous le barrage. Pourvu que le béton tienne...
Il faut continuer à monter en contournant un mamelon jusqu’à apercevoir le mur d’un petit barrage.
Normalement, il faut abandonner ici le GR7 pour prendre une vallée à droite. Suite à des travaux en cours sur ledit barrage, le GR7 est dérouté et remonte lui aussi le début de la vallée : nous l’abandonnerons un peu plus loin.
Le vallon est sauvage mais splendide.
Les ressauts succèdent aux replats et nous prenons peu à peu de l’altitude. En même temps, vers l’arrière, l’étang du Lanoux prend ses distances.
Brutalement, la silhouette du Carlit s’impose face à nous.
Il va falloir remonter le couloir en forme de Y et en emprunter la branche de droite.
C’est un effet d’optique ou bien la voie est proche de la verticalité ? Nous verrons bien...
Auparavant, nous avons rencontré un randonneur toulousain qui a le même but que nous. Nous allons donc cheminer ensemble pour quelque temps.
La sente bien marquée longe l’Estany dels Forats par la droite.
L’environnement devient totalement minéral à mesure que nous nous approchons du pied du couloir d’éboulis. On devine les lacets effectués par la sente.
Bon, nous sommes au pied du mur. La barre de droite du Y ne se voit pas car elle file derrière la falaise. Le point rouge est la silhouette d’un randonneur qui descend.
Au début, tout va bien : les lacets sont amples, raisonnablement pentus et le sol sûr et non fuyant.
Vers le bas, la vue est superbe.
Par contre, plus nous montons plus la pente s’accentue et le sol devient glissant. Et il va falloir redescendre tout ça...
Là, nous partons sur la branche de droite du Y : c’est le plus pentu.
Beaucoup plus haut, nous sortons du couloir au niveau d’un replat. Dessous, notre compagnon de route. Dans ce genre de terrain, chacun doit trouver son meilleur rythme, celui qui lui permet d’optimiser la gestion de son effort : nous nous sommes donc séparés.
Après cette accalmie, la pente se redresse jusqu’au replat suivant.
Là, le sommet s’est bien rapproché. Un fort coup de zoom permet de voir la croix sommitale.
Le col où il faut passer.
La sente part en traversée à gauche, effectue quelques lacets et vire à droite vers le col.
Arrivés là, c’est encore un paysage « à couper le souffle » (au sens propre cette fois-ci...).
Vers l’arrière, la partie finale de la montée.
Vers l’est, la multitude de lacs du site des Bouillouses.
Pour parvenir au sommet, très proche, il faut partir vers la droite.
Voilà, nous y sommes. Et pas seuls !
Dessous, notre compagnon de route est sur la partie (presque) finale, entre les 2 replats.
Heureusement, et de façon surprenante, le côté oriental du sommet présente une vaste surface aux formes arrondies.
Car il y a du monde et ça arrive en permanence depuis les Bouillouses.
La grande majorité des personnes sont des jeunes hyper-connectés, avec le smartphone greffé au creux de la main, les perches à selfie en action et les caméras « embarquées » sanglées autour de la tête !
Bref, que des adeptes d’un mode de vie focalisé sur l’image, l’admiration de soi, la pratique des sourires artificiels qui ne durent que le temps du selfie et l’ignorance totale de l’environnement.
Rencontrer ces personnes en ce lieu si chèrement gagné (pour nous) nous a mis profondément mal à l’aise. C’est la première fois que cela nous arrive.
Le tour d’horizon habituel.
Tout au fond, juste au dessus de l’arête du premier plan, on devine Porté-Puymorens. C’est vers là-bas qu’il faut revenir pour retrouver la voiture...
Là, on voit bien l’arête qui part du Pic de la Coume d’Or, en haut à droite, et qui descend jusqu’à la Porteille du Lanoux à gauche.
Il est temps de partir sans traîner d’abord parce que l’atmosphère est pesante et ensuite parce que la descente promet d’être redoutable.
Une dernière vue sur les lacs avec une meilleure lumière.
Nous retournons au col et basculons vers l’ouest.
Nous voici en vue du deuxième replat, le plus bas, juste avant d’aborder le couloir d’éboulis.
Nous descendons avec mille précautions, en recherchant à chaque pas un appui stable et en évitant les zones trop fuyantes. Bref, nous descendons lentement...
Nous voici en bas et toujours en vie !
En nous éloignant, nous ne pouvons pas nous empêcher de nous retourner.
Il suffit maintenant de descendre paisiblement le vallon en direction du barrage.
Une fois en haut de la vallée du Carol, nous décidons de délaisser le GR7 pour partir sur un petit sentier balisé qui suit le flanc gauche de la vallée et rejoint le parking.
Au final, cette option s’avèrera coûteuse temps car le sentier est particulièrement sinueux et pas roulant du tout.
Mais ce retour aura été moins monotone que l’approche sur le GR7 faite le matin.
Il faut bien trouver une compensation...
A bientôt.