En rendant visite à une personne de mes connaissances qui possède toutes sortes de "vielles ferrailles", je découvre un moteur qui dispose d'un système de régulation assez intéressant. De plus, il n'est pas bloqué et paraît assez sain.
Le propriétaire veut bien vendre ce moteur, mais il en ignore l'origine et le fabriquant. Celui-ci ne présente en outre aucune plaque ou marque permettant son identification. Avent de me lancer, je souhaite en connaître un peu plus.
De retour à la maison, je me jette sur les 3 tomes du "Ouachée" actuellement disponibles, à la recherche de quelque chose de ressemblant. Il faut juste que ce soit un moteur français et que le nom de son constructeur ne soit pas en fin d'alphabet !
Et alors ?
Et alors, à la page 228 du tome 2, je trouve une photo qui ressemble fort à "mon moteur", même si le système de régulation n'est pas visible. Il s'agirait d'un moteur "Lidon" (10, rue du Plâtre, Paris).
Oui, mais ce moteur est posé sur un socle en fonte et son arbre est supporté par 3 paliers. Or, là bas, ni socle, ni 3ème palier !
Tant pis ! J'achète le moteur et je me débrouillerai pour le reste.
Je contacte le vendeur et l'affaire est conclue.
Avant de charger le moteur, je me permets de "fouiller" un peu aux alentours et, heureux hasard, je tombe sur 2 pièces qui pourraient être, l'une "mon" socle, et l'autre "mon" palier. Je fais part de ma découverte au vendeur. Celui-ci avoue ignorer l'origine de ces pièces, mais il convient avec moi qu'elles doivent appartenir au moteur et il m'autorise donc à les emporter.
Oui, mais sur le socle, il y a écrit "THIERRY Montberthault (Côte D'Or)" et non "E. LIDON - Constructeur (PARIS)". Tant pis, nous verrons cela plus tard.
Voici le moteur tout juste descendu de la remorque :
Les éléments principaux, bruts de démontage :
Le volant a un diamètre de 500 mm. La poulie, de 177 mm, est usinée dans la même pièce de fonderie que le volant et est donc inséparable de celui-ci.
Mauvaise surprise au démontage : le palier de l'arbre à came est une pièce venue de fonderie qui fait partie du bâti et il est brisé au ras. Les pignons, eux, sont intacts. Pourquoi ? Mystère !
Le socle avant sablage :
Première chose à faire, construire un chariot :
Ensuite, il suffit de préparer et d'empiler les différents éléments :
Le bloc-moteur et le 3ème palier sont en place (il faut être vigilant sur l'alignement de ces 3 paliers) :
L'ensemble vilebrequin-volant-poulie est reposé :
La partie supérieure du bloc est en place. Le palier de l'arbre à came a été remplacé par une douille tournée et solidement vissée sur le bâti.
Le cylindre totalement équipé.
Il s'agit d'un cylindre borgne à chapelle (alésage 115 mm, course 130 mm). La soupape d'admission est automatique et logée à l'intérieur de la pipe d'admission. Cette dernière se fixe sur le cylindre par un système de verrouillage de type baÏonnette. On peut voir que ce système a été cassé et rebrasé. Donc, prudence au serrage...
Le piston et le cylindre sont en place :
Une vue de la régulation. Il s'agit d'un système centrifuge de type "tout-ou-rien" agissant sur l'échappement. L'écartement des 2 masselottes provoque le coulissement d'une bague sur l'arbre. Le blocage de la soupape est assuré par une pièce à 3 leviers. Le levier inférieur prend appui sur la bague coulissante, le levier supérieur comporte à son extrémité un doigt qui vient se glisser sous la tige de la soupape lorsque l'ensemble bascule et le levier horizontal supporte une masse coulissante qui, par son poids, aide au basculement : sa position sur le levier détermine donc le régime moyen du moteur.
Le carburateur est reposé. Le volet d'air, qui était absent, a du être refabriqué.
La magnéto est en place (après une petite révision).
Le moteur terminé, équipé d'un réservoir et d'une bâche à eau.
Après quelques réglages et tâtonnements (surtout au niveau de l'étanchéité de la pipe d'admission), le moteur fonctionne normalement.
Mais au fait, le constructeur, c'est "Tierry" ou bien "Lidon" ?
Hormis l'inscription du socle, rien ne permet de nous éclairer : aucune marque de fonderie, aucun numéro de série apparent.
Claude Ouachée est au courant du problème : après ses recherches, il pourra éventuellement nous en dire un peu plus dans le futur tome 4 de sa publication.
Peut-être que "Thierry" n'est finalement que le nom d'un revendeur...
A bientôt.