Bonjour à tous.
La vallée du Biros, dans le Couserans, est connue pour ses mines de zinc et plomb argentifère. Ces mines ont été exploitées durant une centaine d’année, du milieu du XIX° jusqu’au milieu du XX° siècle. Les plus connues sont celles de Bentaillou et de la Mail de Bulard.
Mais il y avait également des gisements plus modestes dans le Val d’Aran espagnol. Bien que situées en Espagne, le minerai produit par ces concessions était descendu vers la France soit par le port d’Urets, soit par le port d’Orle.
Attention : dans les Pyrénées, un port est un col. Nous ne sommes pas en bord de mer !
Parmi ces mines aranaises, il y en a une qui a connu un destin inattendu au départ.
Nous sommes en 1899.
Le site de Chichoué-Bentaillou est exploité depuis 1853.
Sur les flanc abrupts de la Mail de Bulard, les premières recherches, fortement prometteuses, ont eu lieu en 1891. D’ailleurs, les énormes travaux préparatoires avant l’exploitation industrielle sont en cours : construction des bâtiments, aménagement à flanc de paroi d’un chemin d’accès aux galeries, installation du monocâble qui descendra le minerai à Eylie, etc. Mais il faut attendre 1902 pour que tout soit terminé et que l’exploitation démarre.
Bref, dans ce contexte « euphorique », il est décidé d’étendre les recherches minières en Espagne, mais à l’est des gisements déjà exploités d’Urets et du Pic de l’Homme, c’est à dire en direction de la face sud de la Mail de Bulard.
Donc, en 1899 est créée la Société des Mines de Montolieu qui se propose d’exploiter la mine de Fourcail (ou Fourcayre) à 2350 m d’altitude.
Malheureusement, il semble que cette société fasse délimiter sa concession en ratant la partie la plus riche du gisement. Et surtout, elle ne procède à aucune évaluation sérieuse du site.
Par contre, dès 1900, elle lance d’énormes travaux permettant de descendre le minerai dans la vallée d’Orle. Elle procède également à la construction d’une laverie au hameau de Lascoux, au débouché de la vallée.
Le système de transport est complexe et donc onéreux.
Il débute par 3000 m de voie Decauville entre la mine et le port d’Orle, donc en Espagne. Il se prolonge en France par un câble aérien de 2 200 m rachetant un dénivelé de 1050 m. Il se poursuit par une autre voie Decauville de 8 kms traversant des tunnels et courant sur le flanc droit de la vallée d’Orle. Il se termine par un plan incliné de 1000 m rachetant un dénivelé de 500m. De là, il ne reste plus qu’un peu moins d’un km pour atteindre la laverie.
Toutes ces installations sont inaugurées en grande pompe le 30 novembre 1902.
Nous nous proposons donc d’aller visiter ce qu’il reste de ces installations d’altitude.
L’itinéraire démarre du fond de la vallée d’Orle, au parking de « la Pucelle ».
Le sentier commence par monter tranquillement parmi les noisetiers. Il récupère bientôt le GR10 qui descend à gauche de la cabane de Besset puis le quitte au niveau des ruines de Flouquet.
A l’altitude de 1268 m, nous trouvons les premiers vestiges miniers. C’est ici qu’arrivait le câble transporteur et démarrait la voie Decauville. Malheureusement, il ne reste que peu de traces de ces installations.
Un peu plus haut, en levant la tête, on aperçoit des pylônes.
Peu après, la forêt s’arrête et nous entrons dans l’estive de Hounta avec sa cabane.
Cette vallée est affreusement longue mais enfin, après une courbe vers la droite, nous finissons par apercevoir le col.
Voilà, nous sommes au Port d’Orle, à 2328 m, et devant nous, c’est l’Espagne.
Nous montons légèrement à droite pour récupérer la voie Decauville.
Le paysage du versant espagnol est totalement différent avec ces formes douces et arrondies.
La mine est juste en face, de l’autre côté de la cuvette. Il faut suivre le tracé de la voie sur un peu moins de 3 kms.
De temps en temps, des ferrailles ou bien des restes du chemin de roulage.
Nous sommes presque au bout.
Tout n’est que ruines...
Les restes d’une charpente et au loin, le pic du Port d’Orle, le port d’Orle au centre, le pic de Barlonguère au fond, et la voie Decauville à gauche.
Et au dessus, des trous partout.
Comme toujours, c’est assez émouvant de retrouver les restes d’installations industrielles d’altitude où des ouvriers ont travaillé souvent dans des conditions extrêmes.
Bon ,c’est le moment de rentrer, surtout que des nuages noirs se forment dans le ciel espagnol.
Le cheminement est évident.
L’arrivée au col.
A partir d’ici, la voie est censée se prolonger sur quelques centaines de mètres jusqu’à la station de tête du câble. Il est tentant d’aller voir ce qu’il en reste.
Malheureusement, le chemin de roulage s’arrête brutalement au niveau d’un éboulis : nous n’irons pas plus loin.
Le même secteur vu de plus bas, sur le sentier descendant dans la vallée : le départ du câble doit se trouver juste derrière la barre rocheuse.
Voilà, il ne reste plus redescendre la longue, très longue vallée.
Et pour terminer, voici l’épilogue de l’histoire de cette mine.
De 1903 à 1905, trente travaux de recherches minières sont ouverts dans la partie inférieure de la vallée d'Orle, aux lieux dits Bularic, Flouquet et la grotte de l'Ours. Ceci, dans le but de venir en complément de la mine de Fourcail qui est tributaire de l’enneigement lié à l’altitude et aussi pour augmenter la rentabilité des infrastructures de transport et de la laverie.
Malheureusement, les productions des années 1905, 1906 et 1907, que ce soit à Fourcail ou bien dans la vallée, à Bularic et Flouquet, sont dérisoires : moins d’une centaine de tonnes par an sur les 4000 escomptées.
Et à la fin de la campagne 1907, la Société de Montolieu doit abandonner ses mines et ses installations en accusant un passif de plus de 3 500 000 francs, et n’ayant en compensation, comme actif, que des mines sans valeur appréciable et des installations sans aucune utilité.
Pas vraiment une affaire juteuse !
A bientôt.