Vous avez dit " bi-rotatif " ?

Bonjour à tous.
 
Un moteur bi-rotatif, késako ?
 
Au cours de ses recherches portant sur les constructeurs oubliés, et qui feront l’objet du tome 7 du « Ouachée », François est tombé sur la « Société des Moteurs Rotatifs Burlat » sise à Villeurbanne (Rhône).
La plupart des documents et des informations qu’il a pu récupérer proviennent de la Fondation Berliet.
 
Sur le moteur développé par cette société, le bloc-cylindres et le vilebrequin sont tous deux rotatifs, ce dernier tournant dans le même sens que le bloc, mais à une vitesse double.
 
Quel est l’intérêt d’une telle complexité apparente ?
Tout simplement faire en sorte que chacun des manetons décrive un mouvement non pas circulaire, mais rectiligne par rapport aux cylindres correspondants.
Ainsi, les bielles ne travaillent jamais de biais, si bien que chaque paire de pistons opposés est relié de façon rigide à une bielle qui s’articule en son centre sur le maneton.
 
Oui, mais comment est-ce possible ?
Tout simplement en vertu du théorème de géométrie dit de Lahire (célèbre théorème que, bien sûr, chacun connaît !).
Selon Wikipédia, ce théorème stipule en gros ceci :
« Soit un cercle C1 de rayon R qui roule sans glisser à l'intérieur d'un cercle C2 de rayon 2R : tout point fixe du cercle C1 décrit alors un diamètre de C2 ».
Et un diamètre, ce n’est qu’un segment de droite !
 
Dans ce moteur :
- le grand cercle est constitué par l’intérieur du bloc tournant ;
- le vilebrequin est excentré par rapport à l’axe de rotation du bloc d’une valeur égale à la longueur de son coude ;
- à chaque tour, le maneton passe donc par l’axe de rotation du bloc ;
- on se retrouve ainsi dans la configuration du théorème : un petit cercle tournant dans un grand cercle de rayon double ;
- chaque maneton ,qui peut être considéré comme un point du petit cercle, décrit donc un mouvement rectiligne (un diamètre du grand cercle) par rapport au bloc.
 
Une petite animation pour mieux comprendre : 4 cylindres, 4 pistons, 2 bielles et 2 manetons sur lesquels s’articulent les bielles.
On voit bien que le vilebrequin tourne à une vitesse double de celle du bloc et surtout, que chaque maneton décrit un segment de droite par rapport au bloc.
 

 
Quelques figures et photo trouvées sur les documents :
 

 
 
 
Si ce type de moteur semble avoir d’abord été conçu pour l’aviation, il a aussi eu une vocation industrielle et agricole.
Malheureusement : « La Société des Moteurs Rotatifs Burlat disparaît en avril 1914 après qu’elle ait déposé plusieurs brevets sur son moteur... »
 
Il n’empêche que cette cinématique, dont le but est d’optimiser le rendement des moteurs en limitant les frottements, reste d’une élégance extrême et il convient de saluer tous ces précurseurs pour leur surprenante inventivité.
 
Maintenant, il reste à trouver un exemplaire survivant.
Ou alors, il faut que Jean-Claude se lance dans une reconstruction...
 
A bientôt.

salut
merci de nous faire partager ces documents
plus je découvre le monde du moteur fixe plus je suis médusé du nombre de constructeurs,de systhémes.
tous différents et plus complexes les un que les autre
cordialement migoo

BRAVO Michel pour toutes ces explications techniques bien originales !

un détail, pour le situer dans le temps, voici un article daté de 1905.....  






On peut imaginer que les débuts de ce moteur se situent en 1904




A+
JP

en 1908...





Et en 1912...



Les moteurs BURLAT étaient montés sur des avions.

A+
JP

Bonjour JP.
 
C'est vrai qu'il a fallu pas mal de réflexions pour commencer à comprendre la logique de ce moteur, car la littérature de l'époque n'est pas toujours très claire.
Et surtout, que vient faire un théorème de géométrie dans ce bazar ?
 
Pour plus de lisibilité, j'ai modifié le "gif animé" trouvé sur le net en repérant un cylindre et ainsi qu'un maneton.
On voit que l'animation ne représente qu'un demi-tour du bloc.
 

 
Ce type de moteur n'a pas équipé que des avions. Il a été installé sur des camions, voitures canots, groupes électrogènes etc.
Dans le futur "Ouachée" on pourra lire : " Un camion équipé d’un tel moteur a même fonctionné avec de la naphtaline comme carburant ".
 
A bientôt.

Encore un système que je ne connaissais pas.
J'aimerai bien connaître le système d'admission. J'imagine que les carburateurs ne doivent pas tourner en même temps.
J'avoue que je suis curieux.

HPL

Bonsoir HPL.
 
Comme sur les premiers rotatifs "conventionnels", l'admission se fait par le carter, via des soupapes automatiques logées dans les pistons.
 
Sur cette coupe, on voit bien la magnéto entrainée par le vilebrequin et le carburateur au dessous.
 

 
A bientôt.

Bonsoir
Pour ceux qui aiment la lecture des ouvrages de l'époque, je conseille le Bulletin de la Revue Aérienne daté du 25 Juin 1910 qui est très complet sur le sujet :





















A+
JP

PUB de 1911

En 1912...

en 1912, un "non-rotatif"



un "rotatif" 60 hp




et un "rotatif" 120 hp

Autre document ,autre présentation (1908)

En 1912, dans le livre "Les moteurs d'aviation" un peu de lecture sur notre sujet :

bonjour à tous

merci JP et Michel pour ce moment d’archéologie bien documenté
amicalement Renée

Bonjour à tous

Merci pour ta réponse Michel31.

Mais je me pose toujours la question comment le mélange est aspiré Les pistons se déplacent mais les volumes internes sont fixes donc pas de dépression et pression alternative comme sur un 2 temps. Je ne vois que les volumes des cylindres qui varient, c'est donc (à mon avis) la dépression pendant la phase d'admission qui permet au mélange de pénétrer dans le cylindre par la soupape automatique.

Je me suis aussi posé la question du graissage mais là j'ai trouvé la réponse dans les lectures (une quantité d'huile perdue servait au graissage).

Les anciens ingénieurs nous montrent qu'ils maîtrisaient les tracés et les calculs qui vont avec la conception de ce type de moteur.

Je suis épaté par ce sujet.

Je ne sais pas si c'est possible dans voir dans un musée (encore mieux, même en fonctionnement) se serait super...

A+
HPL

Bonjour HPL.

Je ne sais pas répondre à ta dernière question avec certitude, mais je crains bien qu'il n'y ait pas de survivant connu.
Ceci dit, on pensait que les derniers rotatifs conventionnels (Le Rhône par exemple) étaient tous dans des musées (SNECMA, Musée de l'air ou autre...) et puis il se trouve qu'on arrive à en voir un dans une expo : Girmont Val D'Ajol.
Alors, il est permis d'espérer...

A bientôt.

Les automobiles BURLAT




la suite ICI

A+
JP

Bonjour Michel31

Merci de m'avoir répondu.
Si j'en vois un au gré des visites de musée je ne manquerai pas de t'en faire part (On ne sait jamais...).

Cordialement.
HPL