Bonjour à tous.
Septembre 2014 : un sommet frontalier de plus a été gagné. Et pas des moindres : le redoutable Mont Rouch (de France).
Haut de ses 2868 m, c’est le 2ème sommet du Couserans, derrière le Pic de Maubermé (2880 m) mais devant le Pic de Certescans Nord (2840 m) et surtout le Mont Valier (2838 m).
Ben oui, le fameux « Seigneur » n’est que 4ème ! Pas très glorieux finalement...
Avant de tenter cette ascension, nous avons pris quelques renseignements sur le net.
Et là, nous n’avons pas été déçus...
« Mont Rouch, la beauté ariégeoise... sauvage. Ascension âpre, souvent exposée d'un sommet ariégeois qui se mérite !
...Voici une ascension comme probablement seule l'Ariège peut en réserver, d'un sommet discret. mais heureusement connu des autochtones et de quelques aventuriers...
Le Mont Rouch, solitaire et sauvage, est le deuxième sommet du Couserans, derrière le Maubermé et devant le célèbre Mont Valier.
Il réserve quelques surprises aux rares audacieux qui s'aventurent sur son versant nord : dénivelé démentiel (plus de 1900m à avaler dans la journée), sentiers étroits et vertigineux, parfois en mauvais état, ce qui les rend dangereux sur sol humide ou en cas de défaillance... »Nous sommes donc prévenus : cela ne va pas être facile. En plus, la période propice n’est pas étendue : il faut viser les tous premiers jours de septembre.
Avant, il faudrait contourner un névé dur et pentu, ce qui peut représenter un danger.
Après, le jour se lève trop tard pour envisager de se trouver assez près du sommet en milieu de journée, lorsqu’il est temps de manger.
L’itinéraire débute par une large piste dont le parcours prend 20 minutes ; ensuite c’est une montée dans une forêt dense. Il faut donc que le jour soit levé à ce moment là.
Nous prévoyons notre timing en fonction de ces éléments :
- démarrage à 6 h 45 au plus tard ;
- le trajet en voiture durant un peu moins de 1 h 30, le départ de la maison doit avoir lieu à 5 h 15 ;
- il faut donc se lever à 4 h 15...
Et ça marche ! A l’heure prévue, nous sommes sur le parking : il fait encore nuit, mais le ciel commence à s’éclaircir vers l’est.
Une voiture est déjà garée là. Des randonneurs seraient-il déjà partis ?
Vingt minutes plus tard, la piste est parcourue et la visibilité est suffisante pour attaquer la forêt.
Dernier avertissement !
Comme prévu, le sentier grimpe sèchement dans la forêt jusqu’à une première difficulté. Il faut traverser en dévers un petit torrent. Gare à la glissade !
Encore quelques lacets et c’est la sortie de la forêt.
Du coup, le but de la première partie de l’itinéraire se découvre : le plateau des « Clots de Dessus » dont on aperçoit la bordure en haut des deux cascades.
Un petit éboulis en dévers, quelques lacets d’un sentier dégradé et encombré de végétations et c’est la 2ème difficulté vers 1670 m : il faut franchir l’entaille d’un ravin heureusement équipée d’une main-courante.
Suit un long cheminement fait d’une section droite et de beaucoup de lacets. Comme nous nous élevons fortement, la vue sur l’arrière commence à porter loin.
Tiens, nous ne sommes pas seuls ! Trois silhouettes nous suivent.
Un peu plus tard, à l’occasion d’une courte pause, deux solides gaillards « jeunes et sportifs » nous rattrapent : ils font aussi le « Rouch ». Sans carte et sans aucune connaissance du secteur, mais avec un GPS. Ils savent ainsi combien ils ont fait de kms et combien il en reste : donc, tout va bien...
La troisième difficulté se présente : le névé à 1870 m. Heureusement, il est fractionné et il n’est pas nécessaire de le contourner.
Maintenant mieux marqué, le sentier continue sa montée vers les Clots. Un peu avant d’y arriver, nous découvrons la suite de l’itinéraire.
Le topo indique de passer soit à gauche de la bande rocheuse soit à droite et de trouver ensuite le meilleur chemin pour rejoindre la crête en face.
En attendant, il faut finir d’arriver sur le plateau. La vallée d’où nous venons est encore dans l’ombre.
Nous venons de monter 1050 m et il en reste encore 850 : à ce stade, il est indispensable de ne pas être trop « entamés ».
Au fond du plateau, la cabane des Clots, maintes fois détruite (par des coulées de neige) et autant de fois reconstruite.
Les deux jeunes ont quitté la voie normale pour s’engager dans l’immense pierrier qui conduit au col de Servi : cet itinéraire est plus direct mais plus raide.
Nous décidons de remonter le ruisseau qui court dans le creux du vallon. En plus, il semble y avoir un bon sentier.
Très vite le sentier disparaît, puis réapparaît, puis disparaît à nouveau. Nous le retrouvons en arrivant sur une zone de moindre pente, là où il faut partir légèrement à droite.
La cabane est déjà loin et la 3ème personne aperçue dans le bas vient d’y arriver.
Nous arrivons à une séparation de la sente : la branche de droite file vers l’immense pierrier qui descend du Mont Rouch, ce qui n’est pas rassurant. Nous prenons tout droit mais nous sommes vite hors sentier.
Nous montons au jugé en hésitant entre herbe et rochers, puis nous retrouvons une trace qui semble filer vers la crête qu’il nous faut rejoindre. Mais nous l’abandonnons vite car cela nous fait revenir en arrière. Donc, encore du hors sentier jusqu’à un adoucissement de la pente.
Par contre, le sommet est enfin visible.
C’est maintenant facile de rejoindre cette crête annexe qui relie le Pic de Laquet à la crête frontière. Nous sommes à peu près à 2400 m et il nous faut nous élever au milieu de gros blocs.
Encore un petit effort et il est l’heure de manger.
Le chemin parcouru :
Au loin les Monts Maudits (Maladeta) :
Le « Rouch » :
Après ce petit repos, la crête frontière est finalement vite rejointe vers 2670 m.
La vue sur le versant espagnol parsemé de lacs est magnifique.
Maintenant, il faut virer à droite et filer vers le sommet.
La pente est soutenue mais les rochers francs sont finalement assez rassurants. Il faut juste rester sur le fil de l’arête en suivant bien les cairns (abondants à cet endroit) et ainsi éviter les pièges.
Enfin nous y sommes !
Nous retrouvons nos deux sportifs arrivés par le côté opposé. Ainsi qu’un « anglais-ariégeois » monté ici nous ne savons pas comment.
Juste de l’autre côté d’une petite brèche, c’est le Mont Rouch d’Espagne, deuxième tête de ce sommet bicéphale. Des espagnols y sont montés par leur versant.
En ce qui nous concerne, nous allons jouer la prudence et nous abstenir d’y aller car il nous faut assurer la descente.
Avant de repartir, un rapide tout d’horizon.
La Maladeta.
Le Pic de Maubermé.
Le Mont Valier
Le secteur Montcalm-Pique d’Estats
Nous entamons la descente et croisons donc notre « poursuivant ». Et il a trouvé cette ascension aussi indigeste que nous. Rassurant, non ?
En fait, c’est le propriétaire de la voiture aperçue le matin sur le parking. Il a démarré une demi-heure avant nous mais, piégé par la nuit, il a raté l’entrée (discrète) du sentier dans le bois et a continué sur la piste. Voyant son erreur, il a fait demi-tour pour récupérer le sentier mais nous étions déjà passés.
Bon ce n’est pas tout, mais voici ce qui nous attend :
Ce qui nous rassure, c’est que nous savons où il faut passer. Enfin en principe !
L’intersection entre la crête frontière et celle du Pic du Laquet est assez vite rejointe. C’est sur celle-ci que tout se gâte : en voulant optimiser et éviter la zone de gros blocs, nous partons trop tôt dans le pierrier et nous nous trouvons sur un terrain pentu, instable et fortement glissant. D’où de l’énervement et une bonne perte de temps...
Au passage, nous repérons le chemin idéal qu’il aurait fallu faire en montant. A l’embranchement des sentes, il fallait prendre celle de droite ; après quelques lacets faciles, nous serions arrivés à un « T » marqué par un cairn. Là, il fallait prendre à gauche pour retrouver l’itinéraire du matin. Nous aurions ainsi évité ainsi une portion pentue et hors sentier.
Les Clots sont en vue.
Du bord du plateau, on peut voir ce qui nous attend encore.
Avant d’être trop bas, un regard sur le chemin « idéal » entre les Clots et la crête annexe. Par contre tout le reste est caché.
Voilà, il ne reste plus qu’à finir la descente. Et là, c’est franchement la galère ! Le sentier est maintenant à l’ombre et l’humidité rend l’herbe et les rochers extrêmement glissants.
Nous nous montrons extrêmement (et excessivement ?) prudents et notre « poursuivant » du matin finit par nous rattraper et nous doubler. En fait, il lui tarde d’être en bas pour pouvoir rassurer sa famille car il ne pensait pas que cette randonnée serait si longue.
A force de patience, nous retrouvons la piste et le parking n’est plus qu’à 20 minutes !
En résumé, c’est la randonnée la plus dure et la plus longue (plus de 11 h 30) que nous ayons faite. Par contre, nous avons bien repéré le cheminement idéal entre les Clots et la crête et cela nous sera très utile si un jour l’envie nous prend d’y retourner...
En attendant, il nous faut récupérer car, dans 3 jours, nous devons encore nous lever tôt pour rejoindre Giverny.
Pour terminer, la carte du secteur :
A bientôt.